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BforBank : 255 M€ de pertes cumulées en 10 ans et une reprise en main par CASA 

Début 2020, le journal l’AGEFI écrivait (lien) : « BforBank profite bon gré mal gré des largesses de ses actionnaires. La banque en ligne du Crédit Agricole, détenue à 85% par les caisses régionales et à 15% par l’organe central CASA, a demandé fin 2019 un nouveau soutien financier. Montant de l’augmentation de capital : 30 millions d’euros, destinés à renflouer un établissement qui n’a toujours pas atteint la rentabilité depuis sa création en 2009. »

 

Titillés par cette information, nous avons pris connaissance des comptes annuels 2019 de BForBank : la banque en ligne a perdu 29 M€ en 2019 après 30 M€ en 2018. A fin 2019, elle a reçu 255 M€ cumulés de la part du Groupe depuis sa création en 2009 et accumulé dans le même temps 213 M€ de pertes. Il restait en fonds propres fin 2019, 42 M€ soit moins de la moitié du capital social (92 M€). Il fallait donc agir en vertu de l’article L 225-248 du Code du commerce : dissoudre la société, réduire le capital social par absorption des pertes ou faire une augmentation de capital.

 

Nous apprenons très récemment par voie de presse encore (article des Echos du 4 mars 2021) que 125 M€ ont été débloqués fin 2020 dont 106 M€ par CASA soit 85% de l’apport. Avec cette augmentation de capital, CASA prendrait le contrôle de la banque en ligne, d’après les Echos.

 

Est-ce que les Caisses Régionales ne voulaient plus remettre au pot ou bien est-ce un réel changement de cap financé par CASA comme le mentionne l’article des Echos ? La banque en ligne a connu depuis sa création plusieurs étapes et modèles économiques. Après la période de la banque de l’épargne à destination des ménages aisés, BforBank est devenue une banque de plein exercice proposant notamment des crédits immobiliers. Mais la concurrence est rude et ce nouveau modèle n’est pas payant non plus. Donc, « BforBank réfléchit désormais à de nouveaux développements et une expansion au delà de la France pourrait être sans doute une des pistes explorées ». Par mimétisme avec d’autres banques en ligne qui ne sont pas plus rentables ? Nous avons appris que Groupama sortait du partenariat Orange Bank en raison des pertes accumulées plus importantes que prévu mais aussi à cause d’un désaccord sur la nouvelle stratégie de développement à l’international voulue par l’opérateur Orange (Orange est d’ailleurs en recherche d’un nouveau partenaire pour remplacer Groupama et BNP Paribas serait en bonne position).

 

Certes, avec 213 M€ de pertes en 10 ans, nous sommes très loin des pertes abyssales d’Emporiki. L’article des Echos précise qu’un connaisseur du groupe affirme que « la question n’est pas celle de la rentabilité immédiate et que la filiale est considérée comme une tête chercheuse au sein du groupe ». Un peu le même discours tenu par la Fédération Nationale du Crédit Agricole interrogée par le journal l’AGEFI l’année précédente, sur les pertes de BforBank : « Les montants restent modérés à l’échelle du groupe Crédit Agricole, où certains considèrent surtout BforBank comme un centre de recherche & développement.. »

 

C’est vrai que CASA a les moyens de faire de la recherche & développement. D’autant plus que le Groupe va faire des économies en supprimant des postes dans certaines filiales. Nous restons toutefois dubitatifs sur sa capacité à trouver un modèle qui fonctionnerait à l’étranger pour sa banque en ligne alors qu’il n’a pas fonctionné en France et que le Groupe n’a pas eu beaucoup de succès dans son développement à l’international par le passé. Et nos salaires dans tout ça ?

Mars 2021

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